Enquête – Sacs de luxe, immeubles… La seconde vie de biens saisis|TF1 INFO


Enquête – Sacs de luxe, immeubles… La seconde vie de biens saisis

En France, l’année dernière, des biens saisis à des délinquants ont été estimés à plus de 250 millions d’euros. Ces objets, allant de voitures de luxe à des bijoux, en passant par des hôtels particuliers, sont désormais la propriété de l’État qui les revend aux enchères ou les attribue à des associations. Une enquête menée par Antoine Bourdarias et Paul Bouffard nous plonge dans cette réalité fascinante où des biens issus de la criminalité trouvent une seconde vie.

Les enchères, souvent organisées dans des lieux inattendus comme l’amphithéâtre de l’École nationale de la magistrature à Bordeaux, attirent une foule de curieux et de collectionneurs. Lors de ces événements, des objets variés, dont des sacs issus de trafics de stupéfiants, sont mis en vente. Les prix s’envolent rapidement, comme pour cette montre de luxe qui s’est vendue à 68 000 euros, illustrant la valeur de ces biens, autrefois la propriété de criminels.

Les revenus générés par ces ventes sont redirigés vers des associations luttant contre la traite des êtres humains et les addictions. Cette démarche vise non seulement à récupérer des fonds pour l’État, mais aussi à faire en sorte que ces biens, souvent associés à des activités illégales, contribuent à des causes sociales. Comme l’explique un acheteur, savoir que ces objets provenaient de malfaiteurs n’entache en rien leur valeur, au contraire, cela alimente une bonne cause.

Mais que deviennent les biens saisis qui n’ont pas assez de valeur pour être vendus aux enchères ? Au tribunal judiciaire de Bobigny, plus de 500 000 objets sont scellés, et chaque année, 30 000 nouveaux scellés s’ajoutent à cette collection. La majorité de ces biens est détruite, mais un partenariat a récemment été établi pour que certains d’entre eux soient donnés à des associations. Cela inclut des vêtements de marque et du matériel informatique, qui profitent directement à des personnes en difficulté. Ces dons représentent une alternative bénéfique à la destruction de biens neufs, permettant ainsi de réduire les coûts liés à la gestion des scellés.

En outre, depuis 2021, des biens immobiliers confisqués peuvent également être affectés à des associations. Par exemple, un immeuble auparavant détenu par un marchand de sommeil dans le Nord de la France sera bientôt réhabilité pour loger des personnes en situation de précarité. Ce projet, qui débutera en septembre, vise à transformer un bien saisi en un espace de vie pour ceux qui en ont besoin, marquant ainsi un tournant dans la gestion des biens saisis.

Ces initiatives illustrent un changement de paradigme dans la manière dont l’État français gère les biens issus de la criminalité. En leur offrant une seconde vie, non seulement l’État préserve leur valeur, mais il contribue également à des œuvres sociales essentielles. En réaffectant ces biens, la justice ne se contente pas de punir, mais elle agit aussi pour le bien commun, transformant la dynamique autour de ces objets autrefois associés à des activités illégales.