En France, le fléau des vols de voitures prend une ampleur inquiétante, avec 47 000 véhicules dérobés l’année dernière, un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes. Selon une enquête menée par TF1 INFO, ces voitures volées finissent souvent très loin de leurs propriétaires, parfois intégralement, mais plus fréquemment en pièces détachées, dans un système de trafic organisé bien rodé.
L’enquête a révélé que les voleurs utilisent des méthodes sophistiquées pour escroquer les victimes. Un agriculteur, par exemple, a été dupé après avoir tenté de vendre son véhicule de 20 000 euros à un prétendu acheteur de confiance. Malgré sa vérification de l’identité de l’acheteur et l’authenticité apparente d’un chèque de banque, il n’a jamais reçu l’argent. Malheureusement, ce type d’escroquerie n’est pas couvert par les assurances, ajoutant à l’angoisse des victimes. Grâce à une application de géolocalisation, il a pu suivre les déplacements de sa voiture, qui a été localisée en banlieue de Prague avant d’être transférée vers la Bosnie.
Ce cas ne représente qu’un échantillon d’un réseau de trafic international structuré, qui aurait dérobé près de 140 véhicules pour les exporter. Les voitures de luxe sont souvent envoyées vers l’Europe de l’Est, tandis que les modèles sportifs et SUV sont illégalement expédiés depuis des ports français tels que Le Havre et Marseille vers plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Dans les Bouches-du-Rhône, environ 4 000 véhicules sont volés chaque année, et les enquêteurs mettent en garde contre l’ampleur croissante de ce phénomène.
Les voleurs ne se limitent pas aux véhicules de grande valeur. Les voitures moins chères sont souvent désossées pour revendre leurs pièces détachées sur le marché noir. Les perquisitions menées par les forces de l’ordre ont permis de découvrir des sommes d’argent et même des armes, témoignant de l’organisation criminelle sous-jacente. Une fois que le véhicule est volé, une autre équipe s’occupe de son transit vers les pays africains, où les voitures sont souvent chargées dans des conteneurs sous de fausses déclarations.
À Abidjan, en Côte d’Ivoire, les véhicules volés sont revendus à des prix nettement inférieurs à ceux pratiqués en France. Un revendeur, qui a accepté de parler sous couvert d’anonymat, a expliqué comment il organise l’importation de voitures volées. Il reçoit des commandes de clients en Côte d’Ivoire et, une fois l’argent reçu, il contacte un partenaire en France pour expédier le véhicule. Les réseaux de corruption au sein des ports facilitent ce trafic, tandis que d’autres voitures volées sont découpées en pièces détachées pour être revendues.
Face à cette situation alarmante, Interpol et d’autres autorités internationales mènent des opérations de contrôle régulières pour tenter de freiner ce trafic. En mars dernier, une opération au Nigéria a permis de confisquer 75 véhicules. Les enquêteurs notent également un lien croissant entre le trafic de voitures volées et d’autres formes de criminalité, telles que la drogue, où les véhicules servent de moyen de paiement.
Chaque année, 47 000 voitures sont volées en France, mais il reste difficile d’évaluer combien d’entre elles sont ensuite exportées illégalement en Europe de l’Est et en Afrique. Le phénomène nécessite une vigilance accrue de la part des autorités et des citoyens pour lutter efficacement contre cette criminalité organisée.