À l’est d’Istanbul, se niche un lieu pour le moins insolite : Burj al Babas, un village de châteaux fantômes. Ce projet immobilier, lancé il y a près de dix ans, a vu la construction de 732 châteaux identiques, pensés pour séduire de riches investisseurs. Pourtant, malgré l’ampleur de l’initiative, personne n’y a jamais emménagé. Ce qui devait être un paradis de luxe est devenu un véritable cauchemar.
Les travaux avaient débuté en 2014 dans la petite ville de Moudournou, mais ont été interrompus abruptement en 2018, laissant derrière eux des structures inachevées et une montagne de dettes, estimées à plusieurs dizaines de millions d’euros. À l’origine, ces châteaux étaient proposés à la vente pour environ 400 000 euros chacun, mais le rêve s’est heurté à de multiples obstacles : salaires impayés, violations des normes environnementales, crise économique et politique en Turquie, sans oublier la pandémie de Covid-19.
Aujourd’hui, le village est gardé par des barbelés, et l’accès est difficile. Les curieux qui parviennent à s’y rendre découvrent un paysage surréaliste, où des bâtisses, certaines complètement achevées, d’autres laissées à l’abandon, se fondent dans la nature environnante. Des promenades clandestines dans les forêts voisines sont devenues une activité prisée pour ceux qui souhaitent explorer ce site étrange.
Un avocat représentant les acheteurs de 200 de ces châteaux a exprimé l’espoir que les travaux puissent reprendre. Selon lui, 70 à 80 % du projet est déjà terminé, avec des infrastructures telles que le gaz et l’électricité prêtes à être reconnectées. Cependant, la situation demeure complexe : la municipalité, elle aussi, n’a jamais été payée par les promoteurs, et le projet est désormais sous le contrôle d’un fonds d’État turc peu enclin à relancer les travaux.
Ce village de châteaux fantômes, initialement conçu comme un havre de paix pour les riches investisseurs, est désormais devenu un symbole des promesses brisées et des ambitions démesurées. La quête de redonner vie à Burj al Babas soulève des questions sur l’avenir de l’immobilier en Turquie et sur les leçons à tirer de cette saga édifiante.